Qu’est-ce que l’ayurvéda ?
L’ayurvéda (आयुर्वॆद en sanskrit), ou médecine ayurvédique (1) est un processus complet utilisé depuis des millénaires (et encore aujourd’hui) en Inde, jusqu’au Sri Lanka. Cette médecine traditionnelle indienne trouve ses origines dans des concepts fondateurs très différents de ceux de la médecine allopathie, notre médecine occidentale. L’ayurvéda représente le système thérapeutique le plus complet, mais aussi le plus ancien au monde. Il est la médecine de l’Inde ancienne, bien qu’il soit difficile de résumer cette pratique à cette simple définition.
La médecine ayurvédique est intemporelle. Elle répond tout à fait aux besoins actuels. Les ouvrages d’ayurvéda (rédigés il y a plusieurs millénaires de cela) font parfaitement échos aux préoccupations du XXIe siècle. Et si la médecine ayurvédique n’est pas très connue en France, c’est principalement parce que ses ouvrages ont été très peu à être traduits. Toutefois, l’Organisation mondiale de la santé la reconnaît comme une « méthode de soin » depuis 1982.
L’ayurvéda est la science de la vie. Le terme « ayur » signifie « vie » et « véda » veut dire « science », dans une traduction littérale du sanskrit, la langue parlée dans l’Inde ancienne. Il s’agit d’une médecine associée à une véritable philosophie de vie qui s’appuie sur certains grands principes que nous allons détailler dans un point suivant. L’ayurvéda est une méthode concrète, pratique et pleine de bon sens. Elle s’appuie sur l’équilibre des doshas, les trois énergies fondamentales et propres à chacun. Et c’est en identifiant la composition de sa nature profonde que l’on peut évaluer ses besoins. Des besoins qui, une fois comblés, favorisent l’équilibre et la santé.
À qui s’adresse l’ayurvéda ? Des contre-indications ?
La médecine ayurvédique s’adresse à celles et ceux qui souhaitent améliorer leur qualité de vie de façon durable. L’ayurvéda est autant un concept de vie qu’une médecine ancestrale, qui implique des changements dans le temps et pour de nombreuses années. Il s’adresse à tout le monde, quels que soient l’âge et l’état de santé. Les enfants, les adultes et les personnes âgées peuvent bénéficier des bienfaits de l’ayurvéda.
Cette médecine douce accompagne vers la reconnexion à sa propre essence et au corps. Elle s’adresse aussi bien aux personnes en bonne santé qu’aux personnes malades affectées par un déséquilibre léger ou profond. Dans cette philosophie de vie, l’état ultime de la guérison est la réalisation de soi.
Il existe toutefois une contre-indication aux massages ayurvédiques, qui concerne les personnes atteintes de cancer de la lymphe.
Les bases et grands principes de l’ayurvéda
Comme c’est le cas pour la médecine traditionnelle chinoise, l’ayurvéda considère que l’être humain est lié à son environnement.
Les cinq éléments : macrocosme et microcosme
En ayurvéda, on se base sur la théorie des cinq éléments. Ces derniers composent le macrocosme (l’univers) et créent le microcosme (le corps humain). L’un des principes fondamentaux de cette médecine ancienne est de considérer le microcosme à l’image du macrocosme. Ces entités (l’infiniment petit et l’infiniment grand) fonctionnent de la même façon. Ainsi, le fonctionnement du corps humain est le même que celui de la nature. Nous sommes donc tous le reflet de l’univers et possédons par conséquent tous ses éléments, qui sont :
- L’eau (Jala) ;
- La Terre (Prithvi) ;
- Le Feu (Agni) ;
- L’air (Vayu) ;
- L’Éther ou espace subit (Akasha).
Les doshas à la base de l’ayurvéda
La médecine ayurvédique repose sur le concept de doshas, qui sont les forces vitales qui nous animent. Ces états de matières, concrets ou subtils, se présentent sous différentes combinaisons dans le corps humain. La combinaison des états de matière définit les doshas de chacun. Autrement dit, sa constitution ayurvédique. Le dosha dominant va déterminer le type psychologique ou physique de la personne (Prakriti). En cas de déséquilibre, des dysfonctionnements du corps et des maladies peuvent apparaître.
Pitta, le feu
Pitta est une combinaison des éléments eau et feu. Ce dosha caractérise le métabolisme et la transformation. Il se loge principalement dans le sang, l’intestin grêle, le foie et les yeux. En tant qu’énergie chaude et humide, elle gère la température du corps, la digestion, l’assimilation et l’absorption. En équilibre, elle s’exprime par l’acuité, l’intelligence et la ténacité. Enfin, lorsque Pitta est en déséquilibre, elle provoque la frustration, la colère ainsi que les états inflammatoires.
Vata, le vent
Vata désigne une combinaison entre l’éther et l’air. Ce dosha caractérise la force motrice, le mouvement. Il se loge essentiellement dans les os, la peau, les oreilles, le système nerveux et le côlon. Vata gère les mouvements du corps et de l’organisme comme la respiration ou les pulsations cardiaques. Cette énergie est sèche et froide. En équilibre, elle se traduit par la créativité, la vivacité d’esprit et la fluidité. En déséquilibre, elle génère l’irrégularité, la peur et l’anxiété.
Kapha, l’eau
Kapha est une combinaison de l’eau et de la terre. Ce dosha relie et soutient notre force structurante. Elle se loge alors dans le plasma, les poumons, la langue et l’estomac. En tant que force froide et humide, elle gère l’hydratation, la lubrification du corps et le système immunitaire. En équilibre, Kapha crée l’amour, le pardon, la douceur. Lorsque le dosha est en déséquilibre, il provoque avidité, possession, attachement et congestions dans l’organisme.
La Prakriti ou constitution natale
Chaque personne se compose d’une combinaison unique et propre des trois doshas. Cette combinaison est déterminée au moment même de la conception de l’être et représente sa Prakriti. Il s’agit de sa constitution natale. Les cinq éléments s’associent donc de façon à donner naissance à trois grandes forces vitales (ou humeurs biologiques) qui créent le corps. Ce sont aussi ces forces qui le font fonctionner, et qui le détruisent.
L’équilibre à la base de la santé
Les trois doshas constituent les forces biologiques intelligentes qui coordonnent, dirigent et gouvernent l’ensemble des processus corporels, les structures et les substances qui entrent dans la physiologie humaine. L’équilibre entre ces trois doshas assure la santé, puisqu’il implique le maintien de la constitution natale de l’individu.
Le déséquilibre implique la maladie
Si l’alimentation, le mode de vie, l’état émotionnel ou psychologique de l’individu ou tout autre facteur externe dérange ou perturbe cet équilibre entre les doshas, les problèmes de santé naissent. Les situations de déséquilibres peuvent, si elles sont durables, favoriser la maladie. Lorsque l’état de déséquilibre est temporaire, on parle de Vikriti. Du maintien de l’équilibre entre les trois doshas dépendent la longévité et l’état de santé des individus.
Les principales branches de la médecine ayurvédique
En Inde, l’ayurvéda est la médecine de référence pour la médecine obstétrique, l’ophtalmologie, le système osseux et l’odontologie. La médecine ayurvédique repose essentiellement sur huit branches :
- Médecine interne (Kaya Chikitsa) ;
- Psychologie/Science des esprits malins (Bhuta Vidya) ;
- Maladie de la tête et du cou (Shalakya Tantra) ;
- Utilisation des aphrodisiaques/Puissance sexuelle et fertilité (Vajikarana) ;
- Chirurgie (Shalya) ;
- Pédiatrie (Kaumara Bhritya) ;
- Traitement des empoisonnements/Science des antidotes (Agadatantra) ;
- Rajeunissement/Science des élixirs (Rasayana).
Les méthodes de la médecine ayurvédique sont accessibles à tous, non agressives et simples. Elle reconnaît néanmoins que tous les aspects de la vie ne sont pas physiques. Ils ne peuvent donc pas être étudiés objectivement. L’approche de cette science est donc parfois objective, parfois subjective.
D’autre part, il est important de préciser que l’ayurvéda propose des outils concrets et pratiques, qui s’intègrent au quotidien. Cela implique l’alimentation, le recours aux remèdes naturels à base de plantes et de minéraux, ainsi que le massage et certaines autres méthodes de guérison holistiques.
Alimentation
L’alimentation ayurvédique (2) se distingue par une étonnante diversité aromatique. L’objectif ici est de rechercher la diversité dans l’assiette et dans la vie. La cuisine typique indienne est très colorée, saine et repose sur des mesures hygiéno-diététiques tout aussi bénéfiques pour le corps.
On liste six goûts dans la cuisine ayurvédique : le sucré, le salé, l’acide, le piquant, l’amer et l’astringent. Chacun de ces goûts est représenté par des aliments (ou familles d’aliments), et influe sur les doshas. Une bonne association des aliments permet donc d’augmenter la force vitale (Ojas), de favoriser l’élimination des résidus et déchets (Ama). D’après l’ayurvéda, un repas doit inclure au moins trois des six goûts pour être équilibré et sain. La constitution ayurvédique est aussi prise en compte ici : il faut choisir les goûts en accord avec le dosha dominant.
Médecine
En ayurvéda, on ne traite pas les symptômes des maladies comme on le fait en médecine traditionnelle. On cherche à en traiter les causes en se basant sur l’étiologie (l’étude de la vie d’un patient, de ses habitudes et de son environnement). La notion d’équilibre est primordiale ici. Une maladie est une conséquence finale d’un déséquilibre de l’environnement et/ou du corps. On considère chaque personne et chaque maladie qui l’affecte comme une même entité. La maladie est vue comme un moyen de communication et non comme une fin. On se concentre alors sur le soin de l’être, et non sur le soin de cette maladie.
L’objectif principal de la médecine ayurvédique est de vivre en harmonie avec ses doshas. Le médecin ayurvédique commence donc toujours par déterminer l’état des doshas, pour ensuite établir un programme de soins spécialisés. Il peut s’agir de mesures alimentaires, d’exercices de respiration, de nouvelles habitudes de vie à adopter… La nature du patient, la nature de la maladie et la nature du remède sont des points essentiels à bien connaître pour les soins.
Enfin, il faut aussi préciser ici que la médecine ayurvédique emploie des plantes et des remèdes naturels pour traiter et soigner. On parle de phytothérapie (3), qui inclut des aliments, des parties de plantes et des substances naturellement présentes dans la nature.
Massage ayurvédique
Les massages ayurvédiques varient selon les individus et les situations à traiter. Ils possèdent diverses propriétés qui peuvent nous aider à nous sentir mieux. Un massage peut donc améliorer la circulation sanguine et lymphatique, ou la chaleur du corps. Il peut aussi renforcer les défenses immunitaires contre les maladies. En outre, le massage ayurvédique peut augmenter l’intelligence et la concentration ou encore, favoriser la prise de confiance ou la conscience de soi.
Il existe différentes huiles et techniques de massage ayurvédique. Ils se pratiquent aussi dans la thérapie ayurvédique appelée Panchakarma. Elle a pour but de purifier l’esprit et le corps des toxicités. Parmi les autres techniques de massage, on trouve la thérapie des points Marmas ou la pratique de l’Abhyanga.
Des techniques variées
L’alimentation, la médecine et les massages ayurvédiques n’ont été que survolés ici. La pratique de l’ayurvéda regroupe un ensemble de techniques variées, douces et intuitives. Elles sont ancrées dans la philosophie de vie. La phytothérapie ayurvédique, le yoga, la méditation, les exercices respiratoires… Ces différentes techniques médicinales et holistiques viennent s’ajouter aux préceptes de base de l’ayurvéda et les complètent. L’ayurvéda forme un tout aussi complexe que diversifié qui vise à favoriser un art de vivre autant qu’une médecine. On parle d’un système de santé à part entière, qui prend en compte l’ensemble des aspects de l’être humain, mais aussi de son existence.
D’ailleurs, si les principes de base de la médecine ayurvédique n’ont jamais changé à travers le temps, c’est parce qu’elle est puissante. Elle est régie par les lois vraies, éternelles et universelles de la Nature. La connaissance globale des moyens de vivre en harmonie avec les principes cosmiques et la nature est la clé d’une bonne santé.
Les bienfaits de la médecine ayurvédique
L’ayurvéda est un système de santé universel dont les règles s’appliquent à chacun de nous. Ses bienfaits sont larges et ciblent tous les aspects du fonctionnement du corps humain. Il serait difficile de les détailler les uns après les autres, tant ils sont nombreux et variés. Globalement, cette médecine ancestrale nous invite à une meilleure qualité de vie.
Recherche de l’équilibre et du bien-être
La médecine ayurvédique est une médecine holistique qui nous fournit les moyens spirituels, pratiques et théoriques d’atteindre un état de bien-être général. Le praticien est un guide et un accompagnateur dans la quête de bien-être et d’équilibre. Toutefois, en médecine ayurvédique, chacun doit participer de façon active à sa propre recherche de bien-être. Il faut développer une certaine responsabilité vis-à-vis de sa santé si l’on souhaite obtenir des résultats satisfaisants. Et ce, à tous les niveaux.
L’ayurvéda traite les maux
La médecine ayurvédique est millénaire. Elle traite tous les maux, et s’adresse aussi à un large public. Que l’on soit malade ou en bonne santé, elle nous procure des bienfaits avérés. D’ailleurs, ses bienfaits sont aussi curatifs que préventifs. Pour résumer les bienfaits de l’ayurvéda à quelques lignes, on la considère comme étant capable de :
- améliorer la digestion et ses processus ;
- favoriser la circulation de l’énergie et des fluides ;
- faciliter les capacités naturelles de régénération du corps ;
- stimuler les défenses naturelles de l’organisme ;
- calmer le corps, l’esprit ainsi que le système nerveux ;
- soulager certaines douleurs (4) ;
- réduire le stress et l’anxiété (5) ;
- contribuer à l’élimination des toxines du corps.
Améliorer la qualité de vie
Le praticien en ayurvéda vous accompagne dans une transition profonde vers un mode de vie plus sain. Cela se traduit par l’adoption de mesures hygiéno-diététiques spécifiques, basées sur une alimentation saine et équilibrée, mais qui peut aussi impliquer des dimensions ayurvédiques. En effet, en ayurvéda, l’alimentation ne nourrit pas simplement le corps : elle maintient aussi sa santé. Toutes les personnes qui souhaitent améliorer leur qualité de vie (durant de nombreuses années) peuvent avoir recours à cette médecine. Ici, la santé de l’unité corps-âme-esprit prime et permet l’épanouissement entier de l’être, dans l’ensemble des activités qui composent sa vie.
Optimiser les capacités naturelles de guérison
Dans les médecines traditionnelles asiatiques et orientales, on considère que l’être humain est doté de capacités naturelles et innées de guérison. En ayurvéda, c’est aussi le cas. D’ailleurs, cette pratique médicinale attache beaucoup d’importance aux pratiques quotidiennes. Dans cette philosophie de vie, on est ce que l’on fait. Cela signifie que nos actions déterminent notre niveau d’énergie physique ainsi que le contenu de notre conscience. Par conséquent, c’est à chacun de prendre la responsabilité de sa propre guérison. Ce que l’on fait chaque jour et les décisions que l’on prend influencent notre capacité de guérison. En ayurvéda, on se soigne sans se reposer sur quelqu’un d’autre. Mais nous avons parfois besoin d’un guide dans cette démarche. Les praticiens de la médecine ayurvédique sont là pour nous accompagner.
Les praticiens de la médecine ayurvédique
Le spécialiste de l’ayurvéda
En ayurvéda, le conseiller-consultant détermine la constitution de son patient et ses éventuels déséquilibres. Il établit également un bilan ayurvédique complet. En outre, le praticien conseille et guide son patient en termes d’hygiène de vie, d’alimentation et de soins ayurvédiques.
Le thérapeute corporel
Le thérapeute corporel en soins ayurvédiques réalise des diagnostics constitutionnels ayurvédiques de ses patients. Il adapte ainsi ses soins (et massages) en fonction de son diagnostic et des particularités des patients.
Quelle prise en charge pour l’ayurvéda ?
L’ayurvéda est une médecine traditionnelle, ou médecine douce, qui ne fait pas l’objet de remboursements de la part de l’Assurance maladie. Celle-ci ne considère pas le praticien ayurvédique comme un médecin, qui pratique d’ailleurs des tarifs libres (allant de 50 à 100 euros par séance). Toutefois, les organismes de complémentaires santé proposent des prestations de remboursement pour les médecines douces dans leurs formules. Renseignez-vous auprès de votre mutuelle afin de connaître les plafonds ainsi que les modalités de remboursement pour vos séances d’ayurvéda.
